Les
vampires eurent du succès sous l'ère victorienne, dans toute l'Europe, notamment
avec des adaptations théâtrale et des opéras. Le public du 19ème siècle était
particulièrement friand des romans gothiques, des ghost stories et autres penny
dreadful. Avec " Dracula ", Bram Stoker apporta une certaine modernité, grâce
à l'utilisation de techniques scientifiques et médicales ainsi que d'héroïnes
assez libérées. Concernant la mythologie vampirique, Stoker inventa notamment
l'absence de reflet du vampire et son besoin d'être invité pour pouvoir entrer
dans un lieu privé. Dracula incarne la domination, l'étranger et le mal absolu
qui doit absolument être mis hors d'état de nuire. Les allusions érotiques détonnent
par rapport à l'hypocrisie sociale caractéristique de cette époque victorienne.
Dès
1924, Hamilton Deane adapte le roman au théâtre avec succès. Une tournée est même
organisée en Amérique. Bela Lugosi incarne le Comte Dracula dès 1927. Dans les
années 50, les vampires sont exploités dans les Pulps, des revues bon marché.
Les mauvais aspects des vampires disparaissent avec les séries télé " The munsters
" qui débute en 1964 et " Dark Shadows " en 1966. Le vampire devient désormais
un héros, familier du public américain. Dans les années 70, le vampire entre dans
la littérature jeunesse. Les jeunes américains découvrent le Count Von Count de
l'émission " Sesame Street ". En 1976, Anne Rice les rend capables d'aimer et
de souffrir. Les vampires sont en déclin dans les années 80 jusqu'au renouveau
lancé par le " Dracula " de Coppola en 1992.
Comme
les pécheurs étaient censés devenir des vampires, les populations devaient rester
sur les sentiers de la sainteté. Jacques Finné étudie le rôle de l'église, qui
resta en retrait face aux pratiques d'exhumation de prétendus vampires. L'église
finit par interdire ces pratiques superstitieuses.
Dans
son article, Gilles Menegaldo analyse le vampire au cinéma. De gothic villain,
le vampire devint un séducteur. Cette figure ambivalente inspire attirance et
répulsion. Il sert de support à nos fantasmes et à nos peurs. Avec ses pouvoirs
exceptionnels, le vampire n'a aucun mal à transgresser les limites. Entouré de
rats, Nosferatu propage la peste. Son aspect monstrueux, voire tragique, peut
inspirer la pitié. Dans son interprétation de Dracula, Bela Lugosi hypnotisait
ses proies à distance. L'acteur Christopher Lee fait preuve d'une brutalité conquérante,
véritable prédateur sexuel à l'écran. Le vampire se dote pour la première fois
de crocs à l'écran en 1958 avec le film " Le cauchemar de Dracula ". Dracula devient
un héros romantique avec l'adaptation de Dan Curtis, qui fut l'un des premiers
à introduire des motivations psychologiques et à humaniser le vampire. Les acteurs
Jack Palance et Frank Langella apportent une vision positive du vampire. Coppola
montre l'ubiquité de Dracula, notamment son influence dans de nombreux plans où
il n'est pas présent. Le réalisateur a choisi une approche plus intime du vampire.
Jean-Claude
Aguerre étudie le vampire d'un point de vue psychanalytique. Il revient également
sur ses symboles et ses caractéristiques.